La récente opinion de Me Adrien Houngbédji sur la gouvernance de Patrice Talon continue de faire des vagues sur la scène politique béninoise.
Après avoir été un fervent soutien du chef de l’État, affirmant que ce dernier avait hérité d’un pays « fracassé » sous la gestion de Boni Yayi, l’ancien président de l’Assemblée nationale a surpris plus d’un le weekend dernier en tenant un discours critique à l’égard du régime de l rupture, qu’il qualifie désormais d’exclusion et de dérive liberticide.
Une volte-face qui a immédiatement suscité de vives réactions, certains qualifiant Me Houngbédji d’acteur politique instable. Mais alors que les critiques fusent, Claude Djankaki, chef de la collectivité Ayatôvi-Ganmènou, est monté au créneau pour défendre l’homme politique.
« Seuls les imbéciles ne changent pas »
Dans une déclaration sans équivoque, Claude Djankaki a rejeté les attaques visant l’ancien président du Parti du renouveau démocratique (PRD). Pour lui, changer d’avis en fonction des réalités du pays n’a rien d’anormal, bien au contraire. Il rappelle que l’évolution d’une opinion politique est souvent le fruit d’une observation approfondie des faits, et que seuls ceux qui refusent d’analyser la situation restent figés dans une posture rigide.
« Pourquoi vouloir clouer au pilori un homme qui, après un bilan des réformes, a ajusté son jugement ? Seuls les imbéciles ne changent pas », a-t-il affirmé.
Pour Djankaki, il est évident que la gouvernance actuelle a accentué la fragilisation de l’État, au lieu d’y remédier. Si Adrien Houngbédji a d’abord cru aux réformes du pouvoir en place, il aurait ensuite réalisé que ces réformes ont conduit à une concentration excessive du pouvoir et à un climat politique marqué par la restriction des libertés.
Ce soutien de Claude Djankaki montre que, au-delà des positionnements politiques, certains acteurs prônent un Bénin où l’expression des opinions divergentes est respectée et encouragée. Il fait remarquer que même l’opinion du président Patrice Talon change puisqu’il a évolué dans sa conception du développement de la route…
L’intégralité de l’opinion de Claude Djankaki
Seuls les imbéciles ne changent pas dit-on. Pourquoi alors s’offusquer du constat fait, après un bilan des réformes ? Dans un discours lodateur il est loisible de constater à un moment donné un État saccagé, fragmenté, fragilisé descendu de son piédestal et tout est à refaire.
Mais, chemin faisant et à l’application des réformes, celui qui a fait cette analyse constate in fine que ce qui est saccagé, fragmenté et fragilisé l’est encore plus . Encore que, celui qui le dit a fait l’expérience de la prison et de l’exil .
Nous étions ensemble à la conférence nationale de février 1990. Comme par hasard ,c’est encore en février, certainement hanté par le rapport général: plus jamais ça, présenté par feu Albert Tévoédjrè que le devoir de mémoire et de responsabilité l’oblige à reconsidérer sa posture .
Pourquoi vouloir le clouer au pilori pour son opinion ? L’idéal aurait été de faire tout au moins le point des prisonniers politiques et des exilés au moment où il faisait son premier discours. Le Chef de l’État a pourtant dit : même si on ne mange pas la route, la route fait manger. N’a t-il pas évolué dans sa conception du développement de la route ?
Il est donc temps, de quitter cette posture extrémiste et jusqu’au boutiste ,qui ne lui rend aucun service . Notre pays le Bénin est un chantier éternellement ouvert pour des générations qui se relaient à la tâche. Nul n’a le droit d’être orgueilleux.
Le succès, tout comme la modernité qu’on agite est comme une flamme de bougie. Il peut s’éteindre à tout moment.
Non à l’exclusion
Ensemble pour la patrie.
Dah Missigbè Djankaki III
Chef de la collectivité Ayatôvi-Ganmènou