L’Aïd al-Adha ou Aïd el Kebir connue en Afrique de l’ouest et centrale comme Tabaski, est la plus grande des fêtes musulmanes. C’est elle que d’aucuns désignent encore par ‘’la fête des moutons’’. Elle marque chaque année la fin du pèlerinage à la Mecque courant le mois dhou al-hijja, le dernier du calendrier musulman. Contrairement à l’Aïd el-Fitr ou l’Aïd as-Seghir, celle que nous appelons « Ramadan » sous nos cieux, la Tabaski retient plus d’attention par le ‘’carnage’’ qui la caractérise.
Ainsi, elle doit être l’une des fêtes les plus détestées par la communauté des végétariens. Ces personnes qui ont une compassion parfois démesurée pour les animaux dont la viande fait le régal lors des festins et des fêtes au sein de toutes les communautés du monde, s’étonnent de ce que la fête des moutons soit un jour où on décime le cheptel en souvenir du sacrifice du prophète Ibrahim.
Pour ces hommes et femmes qui ont fait l’option de se nourrir essentiellement des végétaux à divers degrés, il est drôle ou paradoxal de massacrer les ruminants pour une fête dite des moutons. « Quelle est cette drôle de manière d’honorer les moutons ! », soupire impuissamment chaque végétarien face au spectacle de la Tabaski. Dans leur coin, ils doivent se sentir très emmerdés par la fumée de Tabaski que guettent les sympathisants de la communauté musulmane dans l’espoir d’avoir des gigots de viande.
Oui, des gigots de viande, c’est ça la Tabaski en Afrique. Que qu’en soit le prix du mouton ou du bÅ“uf, il n’y a pas Tabaski sans partage de viande de ces ruminants que les musulmans immolent pour imiter Ibrahim. Fidèles aux recommandations du Coran au sujet de la gestion de la viande des bêtes immolées pour marquer cette célébration, la part des non musulmans est non négociable. Alors, juste après l’immolation de la bête, les voisins non musulmans reçoivent avec empressement des gigots de viande.
C’est l’un des signes de la tolérance religieuse et de la solidarité dans nos sociétés contrairement à ce qui se passe ailleurs où le partage est impossible face à l’individualisme. Chez nous, quand la fumée de Tabaski monte dans le quartier, c’est la joie dans des foyers non musulmans car, on sait que bientôt Aladji va envoyer à chacun une partie de la viande. D’aucuns pour être sûrs d’avoir le fameux gigot de viande, se montrent proches de leurs voisins musulmans au cours du jeûne du Ramadan par des dons de fruits. De la générosité bien calculée !
Ainsi, la fumée de Tabaski remplit des maisons de viande qui sera consommée sur plusieurs jours. Certains en mangent jusqu’à avoir la dysenterie. Au même moment, d’aucuns au nom de leur foi, s’abstiennent de manger cette viande de peur de se faire voler leur chance par celui qui a immolé la bête. Ceux qui partagent cette croyance souvent démentie par les érudits de l’Islam, opposent un refus catégorique à cette générosité de leurs voisins musulmans. D’autres acceptent la viande à eux offerte par hypocrisie voulue par l’esprit du bon voisinage, avant de la jeter dans leur poubelle.
Au demeurant, d’une manière ou d’une autre, la fumée de Tabaski monte et emballe tout le monde soit par son odeur ou soit par son goût.