La démission du ministre Oswald Homeky continue de susciter des analyses. Père Arnaud Éric Aguénounon, écrivain essayiste et philosophe politique, a partagé son avis sur cette actualité.
Contrairement à ce que certains pensent, l’opinion de Père Arnaud Éric Aguénounon est que la démission d’Oswald Homeky ne marque pas un divorce entre lui et le régime de Patrice Talon. « Dans tous les cas, la démission de Homeky qui reste un membre du système ne devrait pas avoir de fortes implications. C’est vrai, il ne fait plus partie du gouvernement, mais je crois qu’il reste au sein du système », a-t-il confié dans un entretien accordé à La Croix du Bénin.
Selon le philosophe politique, Oswald Homeky n’a aucun intérêt à se positionner contre le régime qu’il a servi pendant 7 ans. « Je ne pense pas que des personnes du système à un si haut niveau de responsabilité chercheraient à rejoindre l’opposition. Un éventuel rapprochement avec l’opposition serait suicidaire pour Homeky. Ce serait suicidaire pour lui », a affirmé le Père Arnaud Éric Aguénounon.
« Il a appartenu à un régime pur et dur »
Pour justifier sa position, le prêtre rappelle que le démissionnaire a « appartenu à un régime pur et dur, un régime qui est allé avec force en privant une partie des Béninois de certaines libertés politiques et civiques qu’on voit en vogue ailleurs ; en prenant les moyens les plus extrêmes pour atteindre plusieurs buts ».
L’homme de Dieu rappelle que le régime porte « des procès politiques, des opposants en exil, des étudiants en prison ». Ainsi, se retrouver en dehors d’un tel régime et mener des actions contre lui serait une grave erreur.
Dans ce contexte, une gouvernance au cours de laquelle il y a eu de nombreux excès et quelqu’un démissionne, il ne va pas rejoindre l’opposition. Il est toujours dans l’appareil et il restera jusqu’au bout parce qu’il a besoin de protection.
Père Arnaud Éric Aguénounon
En ce qui concerne l’évaluation politique du régime, le père Arnaud Éric Aguénounon estime qu’aucun collaborateur de Patrice Talon ne peut démissionner aujourd’hui et jouer les rebelles. « Celui qui quitte le régime s’expose à des difficultés, et personne ne voudrait s’exposer ainsi. On peut quitter un poste et être toujours politiquement en communion avec le régime actuel. Candide Azannaï a été le premier à quitter le gouvernement, mais vous verrez que dans ses déclarations, il fait des analyses tout en évitant de critiquer directement le chef de l’État », a-t-il déclaré.