Le Bénin et plusieurs autres pays de la sous-région font face aux défis sécuritaires marqués par la menace terroriste. Dans ce contexte où l’ennemi frappe sans pitié, l’État se retrouve à répliquer et en même temps à protéger les droits humains. Une situation complexe, qui dans la pratique n’est pas aisée.
Pour mieux appréhender le sujet et aboutir à des résolutions qui mettront en avant l’approche juridique dans la lutte contre le terrorisme, un colloque a été organisé par l’Académie des sciences constitutionnelle, administrative et politique en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer. Au cours de ce rendez-vous scientifique tenu à Cotonou, des réflexions ont été menées afin de permettre aux pouvoirs publics de lutter contre le phénomène du terrorisme dans le respect des droits fondamentaux.
Contrairement à l’option militaire visible dans la plupart des pays touchés, le Directeur du « Programme pour la promotion de l’Etat de droit en Afrique Subsaharienne » a estimé que ce n’est pas la seule solution pour contrer le mal. « Les réactions aux attaques terroristes qui se propagent en Afrique de l’Ouest et du Centre sont généralement de nature militaire. L’exemple du Mali montre toutefois que les interventions miliaires seules ne suffisent pas à contrer cette évolution inquiétante », a indiqué Ingo Badoreck.
« De plus, une approche exclusivement militaire ne répond pas aux exigences d’un Etat de droit », a-t-il ajouté, en évoquant l’approche juridique déjà en cours dans certains pays comme le Bénin avec la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), le Tchad avec la Cellule de coordination de la lutte contre le terrorisme et les sections judiciaires antiterroristes au sein des tribunaux de grande instance du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
Renforcer l’instrument juridique
Pour concilier la lutte contre le terrorisme et la défense des droits humains, notamment les fondamentaux, les experts préconisent l’intensification de l’intervention des instruments juridiques qui existent d’ailleurs dans les pays concernés. Ingo Badoreck invite les Etats a donné les moyens aux acteurs judiciaires afin qu’ils puissent jouer convenablement leur rôle dans le combat dirigé contre le djihadiste.
Ce colloque dont le lancement officiel a été assuré par Abasse Olossoumare, Directeur de cabinet du Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, apporte justement des réflexions et approches de solutions pour mieux replacer la justice dans l’arsenal de lutte.
Le terrorisme dans le Sahel
Dans son intervention, le Directeur du « Programme pour la promotion de l’Etat de droit en Afrique Subsaharienne » a présenté l’ampleur de la menace terroriste dans le Sahel. Se basant sur le dernier rapport de l’Indice du terrorisme mondial, il a fait constater que « le nombre de victimes d’attaques d’attaques terroristes dans la région du Sahel a augmenté de plus de 2000% au cours des 15 dernières années« .
Le même rapport présente le Burkina Foso, pays frontalier avec le Bénin, comme le premier pays en proie à la menace terroriste en Afrique et 2ème au plan mondial. Le Bénin qui partage 285 kilomètres de frontières terrestres avec le Burkina Faso a fini par être touché, surtout à cause de la porosité des frontières.
En décembre 2021, le Bénin a connu ses premières attaques et depuis la menace est présente et reste préoccupante. Face à ce nouveau défi sécuritaire, le gouvernement béninois a très vite déployé de grands moyens pour contenir la menace. Près de 130 millions de dollars ont été débloqués dans le cadre des diverses actions engagées contre le terrorisme.