A la recherche de travail, ils se sont rendus chez une personne du troisième âge à Pahou, un arrondissement de la ville historique Ouidah, le 25 janvier 2022. Depuis, ils sont introuvables. Les deux hommes sont portés disparus et le vieux ne donne aucune information concrète pouvant permettre de les retracer. Le dossier a été porté à la connaissance du tribunal de Ouidah grâce à la plainte des frères de l’un des disparus, le sieur Yao A., mais depuis, rien ne semble évoluer.
« Nous ne sommes pas beaucoup. Nous sommes au nombre de trois, voilà que quelqu’un est parti sans nouvelles… », a confié à BENIN WEB TV, Vincent A., frère de Yao A., avec une voix tremblante. Depuis plus d’un mois, ils n’ont pas retrouvé leur frère, qui avant son départ a fait savoir qu’il partait à la recherche de boulot chez un vieux. « Il y a environ un mois, notre grand frère avec son ami sont allés à Pahou chez un vieux, qui leur a promis du travail et depuis ce jour, personne n’a plus de leurs nouvelles », a-t-il ajouté.
Inquiets et désespérés, ils sont allés porter plainte au commissariat d’arrondissement de Pahou. Le commissaire et son équipe ont pu mettre la main sur le vieux, le seul suspect dans l’affaire. Après une garde à vue, il a été présenté au procureur de la République près le tribunal de Ouidah le 10 février 2022. Malheureusement, rien de concret ne sortira de cette première audition et le mis en cause sera retourné au poste de police.
Deux fois devant le procureur
Le 14 février 2022, l’accusé et les frères de Yao A., Zémidjan de profession, étaient à nouveau devant le procureur. Mais cette fois-ci encore, rien de concret ne sortira de la présentation du suspect. « Ce jour-là, le vieux ne disait rien de concret… Pas de cohérence dans ses déclarations. Il tergiversait au point où le procureur l’a invité à s’asseoir d’abord », a confié une source.
Alors que les plaignants attendaient d’être invités à nouveau dans le bureau du procureur pour la suite de l’audition, l’accusé serait à son aise dans les locaux du tribunal. « Il se promenait tout peinard et faisait des appels téléphoniques. Jusqu’au soir, on était encore là quand il est parti. On était étonné et confus parce que normalement, on attendait tous la reprise de l’audition devant le procureur », affirme l’un des frères de Yao.
Flou autour de la suite du dossier…
L’accusé n’étant plus sur les lieux, les plaignants ont aussi quitté le tribunal. Avant de rentrer chez eux, ils ont fait escale au commissariat de Pahou pour prendre des nouvelles. Les informations reçues sur la suite réservée au dossier sont floues à leur niveau. « A notre retour, nous sommes passés par le commissariat. Ils nous ont simplement dit de rentrer. On ne sait même pas quoi faire, à qui poser de questions… », a déclaré Vincent A., jeune frère du disparu Yao A.
Contactée par BENIN WEB TV, une source policière, proche du dossier clarifie. A notre question de savoir ce qui s’est réellement passé, il reconnaît d’abord que les plaignants ont dit une part de vérité ; mais qu’ils n’ont pas tout dit. « Le dossier est allé au tribunal, une première fois et une seconde fois. Tout ce que le procureur a écrit sur « le soit fait retour » c’était devant eux. Ils devraient vous l’expliquer, ce n’est pas à moi de le dire. S’ils n’ont peut-être pas compris, ils auraient pu se rapprocher du procureur. Si le procureur ne dit pas de laisser, nous on ne laisse pas. C’était dit et c’était fait devant eux tous. C’est le procureur qui a tranché », a confié la source.
Une troisième personne portée disparue
Dans cette même affaire, on dénombre au total trois personnes portées disparue. En dehors de Yao A. et de son compagnon, celui qui a permis aux plaignants de retrouver la maison du suspect est aussi introuvable depuis le 14 février ; il était pourtant au tribunal aux cotés des frères de Yao. « Lorsque nous sommes sortis, nous avons constaté que sa moto était toujours au garde-vélo. Jusqu’à l’heure où je vous parle, nous n’avons plus de ses nouvelles, son numéro de téléphone ne passe plus », a confié l’un des plaignants.
Par ailleurs, dans leur dernier échange, il faisait comprendre qu’il allait se retirer un moment pour ne pas subir les représailles du vieux, qui l’avait déjà aperçu. Il devrait rejoindre le groupe à la fin, mais personne ne sait là où il est à ce jour.
« Nous vivons dans la peur »
Les frères de Yao A. vivent dans la peur. Ils ne savent plus à quel sain se vouer et craignent de subir le même sort que leur grand frère. « On est obligé de vivre dans la clandestinité, nous sommes espionnés et filés par des individus non identifiés », a confié son jeune frère Vincent.
Yao A. vivait à Dèkoungbé dans la commune d’Abomey-Calavi. Zémidjan de profession, il est âgé de la trentaine.