Live logo
Live logo
AccueilReflexionAnalyse et DécryptageAu Togo, la CEDEAO donne raison à  l'AES et aux putschistes ?
opinion

Au Togo, la CEDEAO donne raison à  l’AES et aux putschistes ?

-Publicité-

La situation sociopolitique qui prévaut au Togo reste préoccupante. A l’heure où la sous-région Ouest-africaine est secouée par des vagues d’instabilités liées aux coups d’Etat institutionnels, du fait de reformes opportunistes, certaines institutions régionales ont du mal à se démarquer.

Alors que  des voix montent au Togo des suites de la dernière réforme constitutionnelle opérée en avril dernier, la position de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) peine à trancher des accusations faites à son endroit.

Sous la présidence de Bola Ahmed Tinubu, président de la République Fédérale du Nigéria et président de la Conférence des chefs d’État et de la CEDEAO  s’est tenue le 7 juillet 2024 à Abuja, en République Fédérale du Nigéria, la soixante-cinquième session ordinaire de l’organisation.

- Publicité-

Pour toute injonction sur la situation sociopolitique qui prévaut au Togo des suites de la révision constitutionnelle opérée, l’organisation Ouest-africaine qui se retrouve dans le creux de la vague ces dernières années, n’a pas réussi à se départir des griefs souvent faites contre elle.

Pourtant, ils constituent les principaux éléments qui font le lit à la caution des putschs militaires au sein de l’opinion.

Un silence coupable ?

L’une des reproches faites à la CEDEAO est qu’elle reste silencieuse sur les coups de forces institutionnels, qui consistent à l’adoption de lois électorales, notamment des constitutions et codes électoraux taillés sur mesure pour évincer de potentiel adversaires sérieux, sauter le verrou de la limitation des mandats ou ouvrir des brèches à des mandats à vie au sommet des États.

- Publicité-

Il y a à peine quelques jours, à la 36ème édition du Forum de Crans Montana à Bruxelles, tenue du 26 au 29 juin 2024, face au différend entre les nouvelles autorités de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et la CEDEAO, il est dénoncé le silence des organisations sous-régionales africaines face aux coups d’État institutionnels. Alors qu’elles ne tarissent d’ardeur à sanctionner les coups d’Etat militaires ; oubliant que les coups d’Etat institutionnels, tout comme militaires ont la même valeur pour les populations.

Au point 29 du communiqué final de la soixante-cinquième session ordinaire de la CEDEAO, il est indiqué : « En ce qui concerne le Togo, la Conférence prend note de l’adoption d’une nouvelle Constitution par l’Assemblée nationale. Elle félicite le Gouvernement et le peuple pour le bon déroulement des élections législatives et régionales. La Conférence encourage les autorités et les parties prenantes togolaises à continuer à privilégier le dialogue en faveur de la cohésion sociale et de l’unité nationale ».

Le ton empreint à la situation qui prévaut au Togo transparait comme une caution à cette nouvelle constitution que pourfendent  l’opposition et une frange du  peuple togolais qui se sont ligués  contre une réforme « taillée sur mesure » pour perpétuer un système.

- Publicité-

Une crise en téléchargement ?

Bien que les autorités de Lomé soient fins stratèges, la situation qui prévaut actuellement dans la sous-région Ouest-africaine appelle à la répartie.

Depuis  plusieurs décennies, les attentes sont monstres quant à la gouvernance du pays. Malgré les efforts effectués dans la réalisation d’infrastructures, au plan politique des voix ne cessent de s’élever.

La promulgation le 06 mai 2024, par le chef de l’Etat togolais, Faure Gnassingbé, de la nouvelle constitution s’est effectuée dans un contexte délétère, entre élections régionales et législatives dénoncées entachées d’irrégularités, et de nouvelles dispositions suspectes relevées dans la constitution par l’opposition.

Hormis la mobilisation de l’opposition depuis mars dernier, dans le pays à l’annonce de la proposition de révision de la constitution au Togo portée par un groupe de députés, il est mis en place à Paris, en France un Front uni pour fédérer les forces de la diaspora et le peuple togolais, contre le régime de Faure Gnassingbé. Dénommé Freedom Togo – Mouvement de Libération Nationale (MLN) et porté sur les fonts baptismaux par Jean Sylvanus Olympio, François Boko et Koffi Yamgname, il vise à libérer le Togo du joug de la « dictature dynastique ».

Dans un communiqué, les leaders du MLN ont lancé le 12 juillet dernier, un appel à toute organisation et personne partageant leur idéologie, à un mouvement le 20 juillet 2024, en vue de mettre fin au « énième coup d’Etat constitutionnel au Togo » qu’ils n’entendent pas tolérer.

Faure Gnassingbé au pouvoir depuis 2005 est sujet de plus en plus à des contestations, bien qu’étouffées, mais jusqu’à quand ?

Mal nécessaire ou désaveu ?

Restée dans une posture ambiguë, la CEDEAO s’est-elle fait prendre par le pouvoir de Lomé qui malgré les sanctions à l’endroit de certains pays notamment le Niger au lendemain du putsch du 26 juillet 2023, s’est illustré comme un des plus proches de ce dernier en passant outre les sanctions de l’organisation communautaire pour renforcer ses liens avec les pays de l’AES ?

A l’heure de renouer le dialogue avec ces pays qui ont décidé prendre leur distance de l’organisation sous-régionale et tenus le premier Sommet du Collège des chefs d’Etat de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) le 6 juillet 2024 à Niamey en présence des présidents du Niger, du Mali et du Burkina Faso, tous des militaires arrivés au pouvoir par les armes ; la CEDEAO s’appuie sur le Togo en appoint au Sénégal, comme Facilitateur dans les discussions de la Communauté avec les putschistes.

On peut en déduire que l’institution sous-régionale n’ait pas pu avoir un ton tranché et a opté pour un langage diplomatique qui malheureusement ne fait pas sa notoriété outre mesure, que ces griefs proférés contre elle. De quoi lui faire perdre de plus belle de sa crédibilité.

Peut-être a-t-elle voulu avoir toutes les cartes de son côté et éviter un énième départ à la lecture de la proximité des autorités du Togo avec celle de l’AES. Mais pour quels résultats ?

Lueur d’espoir ?

Au titre des décisions prises à cette session de la Conférence des chefs d’Etat de l’organisation sous-régionale ; afin de renforcer la cohérence dans l’application des dispositions du Protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance et de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, la Conférence a appelé à un renforcement de la coopération et de la collaboration entre le Conseil de Médiation et de Sécurité (CMS) de la CEDEAO et le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’UA pour assurer une synergie dans les décisions prises aux niveaux régional et continental.

Toutefois, si  des interactions consultatives régulières entre le CPS de l’UA et les organes correspondants des Communautés Économiques Régionales et des Mécanismes Régionaux ont déjà démarré, il se pose des défis.

Au nombre de ceux-ci le droit de non-ingérence dans les affaires internes souvent brandit, et qui limite à une sorte de formalisme les missions de conciliations ou de médiations ; ainsi que la facilité des Etats à se soustraire aux organisations pour s‘assurer un  parapluie suite aux décisions prises contre eux pour la court-circuiter.

Un peu comme la volonté annoncée de certains Etats notamment de l’AES qui après avoir claqué la porte de la CEDEAO, menacent d’en faire de même avec l’Union Africaine. De quoi remettre sur le tapis  la viabilité des institutions sous-régionales et continentales. Repenser leurs mécanismes et au-delà les institutions dans une perspective d’institutions fortes aux normes démocratiques de référence, via d’Etats confédérés ou fédérés serait une option d’avenir. Le jeu en vaut la chandelle.

- Publicité-

A voir aussi

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici
Captcha verification failed!
Le score de l'utilisateur captcha a échoué. Contactez nous s'il vous plait!