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Chronique

Au Bénin, quand justice rime avec spectacle !

Par
Anges Banouwin
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Du fait de ses clients et de la spécificité des dossiers qui sont instruits devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) au Bénin, ses procès retiennent l’attention. Cependant, le caractère ‘’expéditif’’ de certains dossiers ne laisse pas indifférent au sein de l’opinion.

Mardi 03 septembre 2024, la CRIET a connu l’affaire dite « enlèvement de Steve Amoussou au Togo ». Un énième procès de grande audience, relayé à profusion sur les réseaux sociaux et par la presse en ligne. L’audience a tenu en haleine l’opinion dans la soirée  de cette journée en l’intervalle de quelques heures.

Aux environs de 21 heures, tout est bouclé. Plaignant, et prévenus, ont été fixés sur leur sort. L’opinion n’a eu qu’à constater réquisition et verdict, entre commentaires et supputations, des plus cocasses aux plus sérieux. 

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Il s’agit de «l’ACTE I», du dossier qui agite l’opinion dans le pays, depuis mi-août, dénommé «Frère Hounvi», dans lequel est sous mandat de dépôt Steve Amoussou, supposé être l’activiste béninois très acerbe contre le régime au pouvoir, kidnappé à Lomé au Togo et transféré à Cotonou.

C’est en attendant le procès dont l’audience est programmée pour le 07 octobre prochain où devra comparaitre Steve Amoussou, poursuivi pour « harcèlement par voie électronique, initiation et publication de fausses nouvelles et provocation directe à la rébellion », qu’a eu lieu cette comparution.

Verdict de conditionnement ?

Steve Amoussou a atterri en garde à vue, huit jours plus tôt à la Brigade économique et financière et placé sous mandat de dépôt le 20 août dernier par le procureur spécial de la CRIET à l’issue de son audition.

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Dans la foulée, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Lomé a identifié six personnes et interpelé deux sur le territoire togolais pour « enlèvement de l’activiste » au Togo dans la nuit du 12 au 13 août 2024. Emis des mandats d’arrêt contre les quatre autres qui seraient au Bénin.

Au terme du procès de ce mardi, la CRIET a prononcé la relaxe au bénéfice du doute pour l’un des accusés et deux autres sont condamnés à 24 mois de prison, dont 12 fermes et le paiement de 5 millions de franc Cfa d’amende à Steve Amoussou. Rien n’a filtré sur le quatrième identifié.

Les deux principaux accusés qui ont nié la thèse d’un kidnapping ont déclaré s’être rendus à Lomé pour négocier avec Steve Amoussou, le remboursement d’une dette de 10 millions de francs Cfa, que ce dernier aurait contracté auprès d’un Béninois vivant en Indonésie. Dette que Steve Amoussou a niée avoir contractée, évoquant une affabulation.

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Broutilles et compte à rebours ?

Après avoir reprouvé la lenteur de la justice, cette célérité que vient corriger cette cour spécialisée à tout l’air d’être spectaculaire, au sein de l’opinion. Le verdict de ce procès des retours par voie médiatique ne fait aucunement cas de peine contre l’instigateur supposé de l’acte d’enlèvement. Même pas à titre dissuasif, et pour l’exemple.

La proportion de peine requise contre les inculpés, encore moins l’amende n’est de nature à dissuader de tels actes à l’avenir.

Il ne serait pas surprenant que dans les prochains jours, des gens soient menacés de cet type d’enlèvement pour de banales situations ; et qu’il leur soit jeté à la figure tout de go, la probabilité de peine congrue à encourir le cas échéant.

Aucun élément de mise en parallèle ou de collaboration avec la justice togolaise pour situer les responsabilités d’implication des mis en causes, que des déclarations devant la cour sans autres preuves tangibles de relevés téléphoniques ou positions géographiques, et autres témoignages aux jours et heures de «l’acte sans nom».

Un piètre scénario de film policier aurait offert mieux, et c’est la conscience collective qui en prend un coup, au risque de dépeindre sur l’ensemble de l’appareil judiciaire.

Dans sa célèbre fable,  «Â Les animaux malades de la peste », Jean de La Fontaine alertait sur comment pourrait être perçue la justice dans certains contextes par l’opinion. Ainsi, «Â quand la justice devient spectacle, c’est la vérité qui se noie ! ». 

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